Arcimboldo, un peintre naturaliste

Arcimboldo est un peintre italien du XVIe siècle connu pour ses portraits élaborés à partir de fruits, fleurs, légumes ou encore poissons. Mais derrière le savoir-faire du maître se cache une connaissance scientifique exceptionnelle.

Vous le connaissez, peut-être même malgré vous, tant ses œuvres ne passent pas inaperçues. Nez représenté par une courgette, chevelure en épis de maïs ou méduse, poisson volant en guise d'oreille… Loin du classicisme des peintres italiens du XVIe siècle et de leurs représentations religieuses, Arcimboldo réalise, entre autres, des portraits composés exclusivement d'éléments naturels. Pour autant, il n'est pas un peintre léger qui s'adonne à la dérision. Si aujourd'hui, les enfants s'amusent devant ses œuvres, les scientifiques peuvent y trouver de précieux indices.

Un peintre farceur ?

Difficile de prendre le peintre Arcimboldo au sérieux ? Non. Ses œuvres sont effectivement pleines de dérision : représenter des personnages royaux à partir des produits rapportés du marché peut s'apparenter à un acte moqueur, à une caricature. Sans rappeler encore l'immense talent de cet artiste (car il en faut pour réussi à composer un visage humain avec des fleurs), il faut lui bien reconnaître une certaine démarche évolutionniste précoce ainsi que des connaissances pointues en sciences naturelles.

Un exemple fascinant

En 1566, Arcimboldo peint l'Allégorie de l'eau. Un portrait construit à partir de coquillages, mollusques, crustacées, poisson et mammifères marins. Outre la difficulté technique, l'œuvre est d'une rare complexité. Elle offre au spectateur une représentation quasi parfaite d'une diversité marine incroyable pour l'époque.

Les historiens de l'art voient le maître, les scientifiques, le zoologiste. En effet, le peintre ne s'est pas contenté de recopier les dessins trouvés dans les traités naturalistes. A l'époque, il en existe un très célèbre : Histoire entière des poissons de Guillaume Rondelet (publié en 1554). Mais dans cette proto bible pour ichtyologues, ne figure pas la moitié des espèces représentées par le maître italien, du moins pas dessinés avec le même talent. Arcimboldo possède donc une solide culture naturaliste qu'il expose modestement à travers ses œuvres, sans savoir que, de cette manière, il donne aux scientifiques des siècles suivants des représentations exceptionnelles de quelques espèces simplement décrites par les savants.

Mais Arcimboldo ne se contente pas d'immortaliser un bestiaire, il introduit également dans ses compositions un certain évolutionnisme précoce en construisant ses tableaux en suivant une sorte de phylogénie : les animaux les plus archaïques (méduse, etc.) sont placés au somment et l'ensemble rend compte d'un tout "évolué ", l'homme.


Giuseppe Arcimboldo


Repenser l'homme

A voir ces œuvres, on se demande parfois si Arcimboldo est simplement un peintre extravagant et fantaisiste ou, au contraire, un homme qui réfléchit sur la condition de son espèce.
Arcimboldo se joue-t-il des hommes en leur rappelant brutalement leur condition animale, ou met-il davantage en lumière leur place dans la nature, au sommet de l'évolution ?

Si vous souhaitez découvrir ses tableaux et vous faire votre propre idée, sachez que du 15 septembre 2007 au 13 janvier 2008, se tient une magnifique exposition consacrée à Arcimboldo au Musée du Luxembourg à Paris.
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